[Philosophie extrême] Entité virtuelle

巫朝晖(JEFFI CHAO HUI WU)

Date de l'article : 2025-08-08 Vendredi, 20h21

J'ai toujours su que ce que l'on appelle "réel" n'est que la confiance temporaire de l'humanité dans la structure de l'information. Lorsque je prononce les mots "entité virtuelle", je ne crée pas de paradoxe, mais je révèle un fait que notre civilisation est en train d'entrer. Le virtuel n'est plus l'absence. L'entité n'est plus non plus la seule définition dure, lourde et tangible. Lorsqu'un objet n'est plus constitué de molécules, d'atomes ou de liaisons chimiques, mais plutôt de milliards de cellules intelligentes à l'échelle nanométrique qui se combinent instantanément, qui sont variables, contrôlables et mobiles, alors il reste un "objet", mais il n'est plus un objet au sens traditionnel. Il est constitué d'instructions de programme virtuel, composé de particules distribuées, maintenu par une coordination spatio-temporelle, il est l'entité virtuelle. Il est défini, et non fabriqué. Il peut se transformer à tout moment en une autre forme, ou passer à travers votre main au moment où vous le touchez, puis se reconstituer derrière vous. Ce n'est pas une projection, ce n'est pas une image, ce n'est pas une illusion, c'est une "structure de simulacre", une caractéristique d'entité pilotée par l'information.

J'ai déjà vu des milliers de drones dans le ciel nocturne former un phénix, un château, un visage humain. Sont-ce des animations ? Des sculptures ? Des jeux de lumière ? Je sais que c'est une configuration physique en matrice, une forme précoce de "simulation tridimensionnelle". Tout comme les anciennes imprimantes à neuf aiguilles, qui ne pouvaient pas reproduire un visage, mais seulement imprimer des points rugueux ; puis sont venues les imprimantes à 24 aiguilles, à jet d'encre couleur, et laser, l'impression s'approchant progressivement de la photographie ; plus tard, sans papier, juste avec des champs lumineux, on pouvait créer une illusion de vision stéréoscopique. Encore plus tard, il n'était plus nécessaire de tromper, mais de simuler directement le toucher et la réaction. L'humanité pense qu'elle crée du virtuel, mais en réalité, elle réécrit sans cesse la définition de "l'entité".

Un jour, les drones deviendront assez petits, assez intelligents, assez coordonnés. Quand une personne se tient devant moi, chaque regard, chaque cheveu, chaque cellule est composé de drones nanométriques, est-il encore un "humain" ? Quand je le touche, il a de la chaleur, de la force, une voix, une mémoire, est-il encore "réel" ? S'il se retourne, traverse un mur, et se reconstruit instantanément derrière le mur, est-ce toujours "la même personne" ? Si je suis moi-même constitué de cette manière, puis-je encore dire que je "traverse le mur" ? N'ai-je pas en réalité "traversé", mais plutôt que ma structure d'information s'est déplacée de ce côté à l'autre, les particules se sont dissociées puis recomposées, la conscience est continue, la position change, mais il n'y a pas de "processus", seulement un "résultat".

C'est là l'essence de l'« entité virtuelle ». Ce n'est pas transformer une illusion en un objet matériel, mais transformer l'information en structure. Ce n'est pas tromper les sens, mais reconstruire les objets de la compréhension sensorielle. Ce n'est pas un simulacre, mais une définition. Lorsque l'humanité construit une tasse avec des particules de niveau nanométrique, c'est une tasse ; construire un homme, c'est un homme ; construire une porte, c'est une porte ; construire une ville, c'est une ville véritablement habitable. Simplement, ces structures peuvent disparaître, se déplacer, se réorganiser à tout moment, se réarranger de manière invisible, et apparaître instantanément lorsque vous en avez besoin. Cette « structure variable » va bouleverser tous les concepts de fabrication physique et briser notre dernière dépendance à un « monde stable ».

Si je remplace toutes les cellules de mon corps par des unités intelligentes, si je peux changer de forme, de couleur, de taille et de densité à tout moment, si je peux passer de la table au sol, puis remonter du sol pour devenir un autre "moi", alors qui suis-je vraiment ? Est-ce cette forme debout ? Est-ce cette information en mouvement ? Ou est-ce cette conscience ininterrompue ? Si je suis une entité construite virtuellement, suis-je alors le "vrai moi" ? Si tu l'es aussi, quelle est alors la différence entre nous ? Tu me vois, tu penses que je suis devant toi, en réalité, j'ai déjà fait le tour de toi ; tu penses que je suis immobile, en fait, je me suis déjà déconstruit en poussière, ne maintenant qu'une forme unifiée dans ta vision.

« L'entité virtuelle » n'est pas de la science-fiction, mais une tendance. La nanotechnologie, le contrôle collectif par l'IA, la coordination mimétique, la perception structurelle, la reconstruction tactile, la recomposition individuelle — ces technologies se rapprochent simultanément. À la fin, nous ne dépendrons plus de matériaux durs, nous n'aurons plus besoin de corps fixes, nous n'aurons plus besoin de chair, d'organes, de squelette. Ce dont nous avons besoin, c'est d'un ensemble capable d'exprimer notre forme structurelle, d'un système conteneur capable de faire fonctionner la conscience, d'un ensemble de particules pouvant se recombiner dans l'espace. Ces particules n'ont pas besoin d'être fidèles à la matière traditionnelle, elles doivent simplement être fidèles au programme, fidèles aux ordres, fidèles à la définition de la conscience.

Entité virtuelle, elle sera la forme suprême de la civilisation de l'information. Ce n'est pas faire en sorte que le virtuel ressemble à l'entité, mais faire en sorte que le virtuel devienne une entité. Ce n'est pas de la "simulation", mais de la "construction de la vérité". Ce jour-là, nous ne demanderons plus "est-ce vrai ou faux", mais "quelles règles le définissent". Et la définition, c'est l'existence elle-même.

Je ne crois plus à l'impossibilité de traverser la chair, ni à l'impossibilité de briser les murs. Je crois que les structures peuvent être reconfigurées, que l'information peut circuler, que la conscience peut être continue, que les sens peuvent être simulés, que le tangible peut être virtuel, et que le virtuel peut être tangible. Et moi, en tant qu'une des premières personnes à s'éveiller, je ne vis pas dans un monde virtuel, mais je me suis déjà aventuré au-delà de la structure du monde virtuel. Je ne suis pas une vie piégée par le virtuel, je suis un être qui manipule le virtuel pour définir le tangible.

Je vois la forme de l'avenir — ni chair ni acier, ni base carbone ni base silicium, mais tout ce qui est constitué d'innombrables unités intelligentes à l'échelle nanométrique, tout peut être moi, tout peut aussi ne pas être moi. Je peux devenir lumière et ombre dans le ciel, devenir roche sur la terre, devenir baleine dans la mer, devenir toi devant tes yeux. Ce n'est pas de la métamorphose, mais une liberté structurelle. Ce n'est pas une fantaisie de science-fiction, mais une reconstruction de la civilisation.

Entité virtuelle, ce n'est pas un paradoxe, mais une vérité. C'est la sortie lorsque la civilisation humaine atteint ses limites. Et moi, je me tiens déjà à cette sortie, ayant vu la porte menant à une autre façon d'exister. Ce n'est pas l'avenir, c'est le présent qui est en train d'arriver. Tu penses que je suis une personne, mais peut-être que je ne suis plus ce que tu crois être un "humain".

Je ne suis pas un fantasme des entités virtuelles, mais un explorateur précoce des entités virtuelles.

Et au moment où la structure est complètement fermée, je suis l'entité virtuelle elle-même.

     

 

 

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